« Sept ans sous le mont Gangan » de Mamadou B. Barry « Petit Barry » – Récit d’un prisonnier politique sous le régime de Sékou Touré (Par Alpha Sidoux Barry)
A 87 ans révolus, le doyen Mamadou B. Barry, plus connu sous nom de guerre et de plume « Petit Barry », se porte comme un charme. Le retraité du système des Nations unies a publié un ouvrage intitulé « Sept ans sous le mont Gangan », qui fait le récit de ses longues années de prisonnier politique sous le régime de Sékou Touré, passées dans l’annexe du camp Boiro située dans la prison civile de Kindia.
Ancien directeur du Bureau de presse du premier président guinéen Sékou Touré, à la fois ex-directeur de la chaîne internationale de la Voix de la Révolution et député à l’Assemblée nationale, il a été victime de la répression sauvage et aveugle qui a suivi les tragiques événements du 22 novembre 1970.
« Sept ans sous le mont Gangan » est le premier des sept tomes de la série « Camp Boiro » qu’il a rédigés et qu’il va publier au fur et à mesure comme témoin oculaire et victime du régime totalitaire instauré par Sékou Touré en Guinée sous la Ière République (1958-1984).
Petit Barry va présenter ce premier livre à Paris le vendredi 26 mai 2023, de 19 à 23 heures, à l’AGECA (177, rue de Charonne, 75011 Paris, métro Alexandre Dumas sur la ligne 2, Nation-Porte Dauphine).
L’auteur en fait lui-même le résumé suivant que nous livrons en avant-première à nos lecteurs :
« Le présent Livre premier de la série « Camp Boiro » est un récit-témoignage qui couvre une période de sept ans, allant du 14 juin 1971 (date de l’arrestation de l’auteur) au 25 mai 1978 (date du retour au camp Boiro de Conakry des 15 derniers rescapés de la prison civile de Kindia).
Les événements racontés dans le livre se déroulent presque tous dans la prison civile de Kindia, que surplombe « le Mont Gangan, dont la crête chauve, semblable au bec d’un carnassier géant, domine la ville. Cette montagne sorcière, qui se nourrit de sang d’homme, attend ses prochaines victimes. En effet, c’est au pied de cette montagne qu’on exécute les détenus politiques. »
Son séjour dans ces lieux interdits permet à l’auteur de découvrir la face cachée du charismatique leader de la Révolution guinéenne, Ahmed Sékou Touré, et celle de ses cyniques et cruels collaborateurs qui agissent dans la nuit noire.
Petit Barry, l’Éditorialiste de « la Voix de la Révolution », connaissait le héros qu’il a baptisé dans une de ses émissions « Fils du Peuple ». Il va découvrir le tyran et le destructeur d’hommes.
L’auteur parle de lui-même, de ses rapports avec Sékou Touré et des collaborateurs de ce dernier, dont certains sont devenus des bourreaux sûrs d’eux-mêmes, convaincus de leur force et de leur invincibilité. S’il évoque les bourreaux, Mamadou Barry présente également en contraste au lecteur les portraits de quelques belles et nobles figures de la Guinée nouvelle, des hommes dignes et humbles qui ont apporté une contribution inestimable à l’avènement d’un pays libre et fier, mais dont les corps sont tous enfouis dans des fosses communes.
Ce livre est aussi un hommage à sa famille qui a contribué à faire de lui ce qu’il est devenu : son vénérable père El Hadj Thierno Abdoulaye Barry, sa mère Maïmouna Hann, sa grand-mère maternelle connue sous le nom de ‘Maama Daguia’ (Grand-mère de Daguia). La mère et la grand’mère sont deux personnes qui lui sont particulièrement chères, mais qu’il ne reverra pas, car elles mourront toutes les deux avant sa libération.
Le livre fait découvrir également au lecteur la belle silhouette de Ngalou (qui signifie Trésor en pular), de son nom de baptême Adama Doukouré (fille de l’illustre maître d’école Aboubacar Doukouré, appelé familièrement Papa Douk), la jeune fiancée que l’auteur a laissé dehors, qui hante et enchante le prisonnier du Mont Gangan, et son sourire reste gravé dans sa mémoire, comme un doux rayon de soleil, pendant toutes ces années de douleurs et de deuils. »
Né à Labé d’un père fonctionnaire originaire de Mamou, Mamadou Bowoi Barry porte le nom de son oncle paternel qui a fondé le hameau de Bowoi situé dans la sous-préfecture de Dounet à 30 km de Mamou (anciennement appelée ‘Gare Ballay’, du nom du premier gouverneur et créateur de la Guinée française).
C’est à l’école primaire élémentaire de Labé-Kourola – que l’instituteur émérite Korka Maléah Diallo l’a surnommé ‘Petit Barry‘ quand, sautant le cours élémentaire deuxième année (CE2) à la demande de son maître Tounkara Jean Faraguet, il a rejoint son frère aîné Alpha Amadou Oury, connu depuis sous le nom de ‘Grand Barry’, au cours moyen première année (CM1). Puis il est entré au collège classique de Conakry où il a passé les deux parties du baccalauréat (série lettres classiques : latin et grec et série philosophie) en 1954-1955.
Il part alors pour le Sénégal et fréquente l’Institut des hautes études de Dakar où il passe son année de propédeutique. Il poursuit ses études en France à la Faculté des lettres de l’université de Toulouse puis de Grenoble.
Il les achève en Suisse en 1964 à l’Université de Genève (Faculté des sciences économiques et sociales) et à l’institut des Hautes études internationales (HEI) de la grande métropole helvétique.
Mamadou Barry est aussi diplômé du Centre universitaire d’enseignement du journalisme de Strasbourg où il a eu comme professeur Hubert Beuve-Méry, fondateur en 1944 du fameux quotidien du soir « Le Monde ». Le célèbre journaliste (alias Sirius, son nom de plume) y enseignait l’art de l’éditorial.
Pendant sa carrière estudiantine en France, Petit Barry devint un membre actif de la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (FEANF) qu’il a représentée à l’Union internationale des étudiants (UIE) à Prague en Tchécoslovaquie, de 1958 à 1960, en qualité de vice-président. Il a été également membre du comité de rédaction de « L’Étudiant d’Afrique noire », organe de la FEANF paraissant à Toulouse.
Entre-temps, il a représenté l’UIE à Pékin, en 1959, lors du 10ème Anniversaire de la République Populaire de Chine. A cette occasion, il a eu l’insigne honneur d’être présenté, avec d’autres étudiants d’Afrique et d’Asie (dont le linguiste sénégalais Pathé Diagne) au grand leader Mao Zedong.
Ses études terminées, Mamadou Barry retourne en Guinée où il se met à la disposition du gouvernement guinéen. Il est d’abord nommé en 1965 chef de division à la direction générale de la Coopération internationale du ministère des Affaires étrangères.
Deux ans plus tard, il est directeur de la Chaîne internationale de La Voix de la Révolution, la Radiodiffusion nationale de la République de Guinée et cumulativement directeur du Bureau de presse du Président de la République.
En 1968, Sékou Touré le nomme député à l’Assemblée nationale, en vertu d’une disposition de la Constitution de 1958 qui autorisait le chef de l’État à nommer 15 hauts cadres de l’État comme députés sur les 60 que comptait le Parlement. Il est à noter que sur ces 15 personnalités, 14 d’entre elles seront arrêtées et deviendront, de ce fait, des pensionnaires du camp Boiro.
Pour tirer parti de ses multiples compétences, Petit Barry est nommé aussi professeur pro bono à l’Institut polytechnique Gamal Abdel Nasser de Conakry (IPGAN), l’université guinéenne de l’époque.
A la suite de l’agression portugaise contre la Guinée du 22 novembre 1970, et à l’instar de milliers de cadres guinéens, il sera injustement et arbitrairement arrêté le 14 juin 1971. Il est détenu d’abord au sinistre Camp Boiro, ensuite dans l’annexe de celui-ci dans la prison civile de Kindia, à 135 km de Conakry. Marque singulière du déni de justice, son immunité parlementaire n’a pas été levée avant son arrestation.
Il sera miraculeusement libéré le 22 novembre 1978, après 7 ans et demi d’une détention abusive dans des conditions plus qu’inhumaines, comparables à celles que connaît Roubachov dans le Zéro et l’infini d’Arthur Koestler ou celles décrites dans l’Archipel du Goulag d’Alexandre Soljenitsyne.
En tant que rescapé de ce terrible camp de détention, il est membre fondateur de l’Association des victimes du Camp Boiro (AVCB).
Bénéficiaire après sa libération d’une bourse médicale de la part de la République socialiste de Hongrie en 1979, il décide, après un séjour médical de six mois à Budapest, de ne plus retourner en Guinée.
Il obtient un poste de fonctionnaire international à l’office des Nations unies de Vienne en Autriche, puis au secrétariat des Nations unies à New York, deux sièges des Nations unies où il va servir pendant 15 ans (1980-1995).
De 1996 à 2010, le système des Nations unies en général et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) en particulier, ainsi que la Commission de l’Union européenne, l’ont recruté comme conseiller en matière de gouvernance auprès d’une quinzaine de pays africains.
Depuis 2011, Mamadou Bowoi Barry est consultant international indépendant dans le cadre de son agence ‘Barry Consulting’. A ce titre, il est analyste politologue, expert en démocratie et gouvernance et auteur de plusieurs articles et études sur les défis de la transition démocratique en Afrique.
Marié et père de 7 enfants, de 10 petits-enfants et de 3 arrière-petits-enfants, à l’heure actuelle à la retraite, il se consacre à la rédaction de ses mémoires et partage son expérience avec les nouvelles générations. A cet égard, il compte créer « Le Blog du Patriarche » dont l’objectif sera de favoriser un dialogue fécond entre les générations.
Après « Sept ans sous le Mont Gangan », va suivre le Livre II intitulé « Retour au camp Boiro » qui paraîtra bientôt. Cet ouvrage décrit son deuxième séjour au camp Boiro, du 25 mai au 22 novembre 1978, puis sa libération, sa sortie de la Guinée et son entrée aux Nations unies.
Le Livre III porte sur « Les événements du 22 novembre 1970 » dont il est l’un des témoins oculaires. Intitulé « Veillées sous le mont Gangan », le Livre IV décrit comment les détenus, enfermés 24 heures sur 24, passaient leur temps. Le cinquième livre portera sur « Sékou Touré, tel que je l’ai connu ». Le sixième livre intitulé « Mémoires de mon enfance foutanienne » parle de son heureuse enfance auprès de sa grand-mère Maama Daguia dans le beau village de Daguia à 7 km de Labé. Enfin, Petit Barry compte publier, dans le septième tome de ses mémoires et de la série « Camp Boiro », ses poèmes de prison sous le titre « Épines ».
Une contribution exceptionnelle et irremplaçable à la peinture de la féroce et implacable dictature sékoutouréenne (néologisme forgé par le Dr Charles Diané, Paix à son âme!) inspirée du système carcéral de type soviétique qui a fait le plus grand malheur de tous les peuples qui lui ont été soumis.
Alpha Sidoux Barry
Président de Conseil & Communication International (C&CI)
Présentation du livre « Sept ans sous le mont Gangan » par l’auteur Mamadou Barry « Petit Barry » :
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Date : Vendredi 26 Mai 2023, de 19 à 23 heures
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Lieu : AGECA – 177, Pue de Charonne, 75011 Paris
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Métro : Alexandre Dumas – Ligne 2 : Nation-Porte Dauphine
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Vente et dédicace du livre sur place après la présentation.